Comment établir l’identité d’une personne à une époque où n’existe ni photographie, ni empreinte digitale, ni même état civil fiable? Entre la Régence et la Restauration, la France a été le siège d’une révolution silencieuse d’une ampleur jusqu’à présent insoupçonnée: la naissance de l’identité individuelle, une «identité de papier» fondée sur le registre, le certificat, le passeport: les soldats, les mendiants, les vagabonds, les criminels furent les premiers à être «fichés». Avant que l’ensemble de la société ne soit, à son tour, «identifiée».
Quels sont les instruments de cette identification de la personne? Les techniques et les procédures de signalement? Les acteurs? Comment la société a-t-elle réagi à ce processus de fichage?
Ce livre retrace pour la première fois l’histoire de l’identité individuelle: en s’imposant dans la vie de tous les Français sous l’influence de l’État, par le travail et le savoir des agents de la machine administrative de l’Ancien Régime, de la Révolution et de l’Empire, et par les enquêtes de la police, les «papiers» ont fondamentalement modifié l’histoire de l’individu.
La genèse des techniques et des pratiques de l’identification jette un éclairage nouveau sur l’histoire de notre modernité «démocratique», qui s’enracine dans des pratiques inventées par l’Ancien Régime, au temps des rois absolus.
Vincent Denis, ancien élève de l’École normale supérieure, ancien Procter Fellow à l’Université de Princeton, est maître de conférences en histoire moderne à l’Université Paris-I-Panthéon-Sorbonne. Il a reçu en 2004 le prix Albert-Mathiez de la Société des Études Robespierristes pour la thèse dont est issu ce livre.