Ce livre remet en question deux visions des guerres de l’époque moderne, celle de conflits ultra violents qui caractériseraient le temps des guerres de religion, du XVIe siècle à la première moitié du XVIIe siècle d’une part, et celle d’une guerre réglée et limitée en voie d’humanisation sous le règne de Louis XIV d’autre part. L’hypothétique amélioration du sort des vaincus à partir des guerres de Louis XIV tient une grande place dans cette perception erronée de guerres réglées et limitées sous l’ancien régime, perçues comme « guerres en dentelles », représentations qui ouvrent la voie à toutes sortes de fantasmes sur la « guerre totale » qu’inventerait la Révolution française. Il s’agit ici de déconstruire ces images, en montrant que la culture de la reddition honorable est largement diffusée au XVIe siècle et que les infractions à cet horizon d’attente restent très nombreuses pendant le règne de Louis XIV.
Ainsi on s’intéresse d’abord aux rites de reddition, honorables ou humiliants pour les vaincus, avant de rationaliser cette culture de la reddition honorable, en la replaçant dans la perspective d’une guerre pensée comme économie des moyens à une époque où la notion d’intérêt émerge sous la plume des théoriciens de la raison d’Etat. Seule une conjonction d’intérêts, ceux des vaincus et des vainqueurs, permet le développement de la reddition honorable.