Un petit village, près de Fribourg, en Allemagne. Le nazisme règne de façon absolue sur le pays, la guerre se prépare, puis éclate. Une petite fille réussit à être à peu près heureuse. Sa mère pense surtout au fils qu’elle n’a pas eu. Son père, haut dignitaire nazi, l’aime de façon assez lointaine. Mais la petite Kriemhild est choyée par sa grand-mère, institutrice retraitée. C’est sous sa bienveillante tutelle qu’elle apprend à écrire, aux deux sens du mot : elle trace avec délices et talent les belles lettres pointues de l’écriture gothique, et elle commence à composer des contes, sur le modèle des frères Grimm. Bientôt, hélas, sans qu’elle en décèle vraiment la cause, elle perdra, pour longtemps, le véritable don d’écriture qu’elle a eu jusqu’à l’âge de douze ans.
Une station de ski déserte, au début de l’été, une trentaine d’années plus tard. Un notable de province, professeur à la Faculté de Pharmacie, expert en mycologie, et romancier à ses moments perdus, entreprend d’étrangler sa maîtresse, qui vient de lui signifier son congé. Mais il manque autant d’exercice que d’expérience : elle survit.
La jeune femme qui vient d’échapper à la mort ne serait-elle pas la petite fille allemande qui ne pouvait plus écrire ? On se pose la question avec une insistance croissante en lisant les récits alternés que le professeur et la « Walkyrie » font de leur passé et de leur « lune de miel » passionnée et orageuse.
C’est donc que la jeune femme a retrouvé le don d’écrire qu’elle avait dans son enfance ? Et pour quelle raison ? Quelle est la fonction de cette étrange cérémonie sadique dont elle fait souvent le rêve, et qu’elle raconte, de façon haletante, à son mari, puis à son amant ?