Alain Duault: Le passage du trouble
Jean-Luc Parant: Les yeux sont invisibles pour voir le visible
Israël Eliraz: Nous les abeilles de l’invisible (traduit
de l’hébreu par C. Salem)
Marie-Andrée Lamontagne: Le jour de son visage
Hommage à Lokenath Bhattacharya
Lokenath Bhattacharya: Toutes les langues sont finies (traduit
du bengali par l’auteur et C. Le Mellec)
Marc Blanchet: Lokenath Bhattacharya, un ami secret
Poésie d’Amérique
Marilyn Hacker: Elle est allée vivre en Floride (traduit de
l’anglais – états-Unis – par C. Malroux)
Robert Creeley: Je connais un homme (traduit de l’anglais
– Etats-Unis – par S. Bouquet)
Tribune littéraire
Christian Prigent: Penser les nihilismes
L’amour du livre
(Textes rassemblés par Corinne Bayle)
Marie-Claire Bancquart: Cet arbre obscur
Jude Stéfan: Livres-Femmes
Sylvie Gouttebaron: Abymes
Françoise Clédat: L’ivremère
Corinne Bayle: Inventaire sentimental
Gilles Quinsat: L’oubli du livre
Hélène Dorion: Le bruit du passé
Jean Roudaut: Tous les livres jamais
La Revue
Jacques Metteau: 1642, quai de Béthune
Jean Delabroy: L’extinction des feux (sur Rothko)
Denis Podalydès: Scènes de la vie d’acteur (VI)
Philippe Jaccottet: Entretien avec Reynald André Chalard
Notes de lecture
EDITORIAL
Littérature et critique
Après sept années sous une couverture austère, Le Nouveau Recueil change de présentation: il reprend le principe retenu pour son numéro-anniversaire (n° Cinquante) à l’occasion duquel Pierre Alechinsky avait bien voulu concevoir pour nous un dessin sur bandeau rouge. Pour cette année 2002, c’est Gérard Titus-Carmel qui verra décliner son illustration en quatre couleurs différentes, au fil des quatre saisons.
Nous n’avons pas voulu nous contenter d’une réfection de façade. L’alliance de l’art et de la littérature nous importe depuis toujours, comme en témoignent nos thèmes et nos chroniques. Cette alliance se prolonge en une seconde, qu’affiche le sous-titre du Nouveau Recueil: revue de littérature et de critique.
Nous entendons renforcer cette dimension critique dans un effort pour accentuer et rendre plus lisibles des lignes de force constantes:
– Un fronton remodelé où plusieurs petits agencements de textes invitent à une lecture souple et curieuse: l’un d’entre eux se constitue autour de traductions, en édition bilingue autant que possible. Fictions, proses et poèmes continuent de se mêler tout en faisant une place régulière, d’un côté à l’écriture dramatique, de l’autre à des essais;
– Une nouvelle rubrique intitulée «Tribune littéraire» qui offre à des auteurs l’occasion d’intervenir ou de prendre position à propos de débats contemporains dans leurs propres termes et à travers un acte d’écriture personnel. Christian Prigent inaugure cette tribune avec un texte consacré aux événements du 11 septembre. Le décalage créé par notre périodicité trimestrielle doit établir une juste mise à distance de l’actualité. Fondée sur le désir que la revue donne autant à penser qu’à lire, la «Tribune littéraire» permet ainsi aux écrivains qui le souhaitent, mais ne se le voient guère proposer, de soustraire au brouhaha du Café du Commerce généralisé des sujets essentiels en les traitant par la voie et les moyens de la littérature;
– Une partie centrale resserrée, qui continue de proposer à la création et à la réflexion une question vivante, non pour la régler de façon définitive, mais pour encourager l’expression et la confrontation de points de vue singuliers. Elle s’ouvre sur un argument liminaire présentant les principes de la commande faite aux écrivains concernés;
– Un «Entretien», auquel participera par écrit un auteur ou un artiste dont l’œuvre nous est précieuse. Façon pour nous d’affirmer nos affinités électives à travers une forme indispensable de l’activité littéraire. Philippe Jaccottet a le premier accepté de s’y prêter;
– Une «Revue» diversifiée associant chroniques artistiques et littéraires, où Jacques Lassalle et Denis Podalydès poursuivent leurs feuilletons en alternance, cette année, avec Contre-champ et Scènes de la vie d’acteur;
– Des «Notes de lecture» faisant varier les tonalités, les vitesses et les régimes d’analyse. Leur cahier est l’objet d’une attention éditoriale ravivée. C’est là que bat le pouls de la revue dans la mesure où, en filigrane du travail bénévole de nos collaborateurs, nous y exprimons le plus clair de nos choix et de nos goûts;
– Des apostilles bibliographiques pour permettre à chacun de situer les auteurs de la livraison.
Dans le premier numéro du Nouveau Recueil, le numéro 34, daté de mars-mai 1995, nous définissions notre projet en ces termes: «C’est par l’exigence critique, la confrontation avec l’époque, l’ouverture sans consensus ni acquiescement obligé, que nous espérons réaliser l’ambition qui est au cœur de notre entreprise: favoriser une articulation entre les diverses formes, idées et pratiques littéraires d’aujourd’hui.»
Rien n’est changé, puisque nous maintenons cette déclaration mot pour mot. Il s’agit pour nous d’en réactiver le sens en lui donnant davantage de relief. Survient toujours un moment de doute dans la vie d’une revue, où il se présente autant de raisons de continuer que d’arrêter. Nous n’y sommes pas. Nous renouvelons notre refus des parti pris et réaffirmons notre ambition première: opposer aux faux-semblants des espaces de promotion culturelle une mise ensemble des singularités, des pensées, des écritures – de la littérature et de la critique.
J.-M. Maulpoix et le comité de rédaction