Cet ouvrage est centré sur les paysans qui, depuis les années 1960, ont tracé des voies alternatives à la modernisation telle qu’elle a été portée par les tenants de la « révolution silencieuse ». Depuis cette date, le nombre des producteurs qui ont expérimenté d’autres façons de produire s’est accru d’abord lentement puis de manière plus rapide. Pionniers du bio, de la biodynamie, partisans de l’agriculture paysanne ou durable, défenseurs de l’agroécologie constituent de nos jours une part importante des agriculteurs.
Ces paysans écologistes expérimentent et tracent des voies différentes mais ont en commun un certain nombre de refus, de pratiques et de valeurs. Ils refusent le recours massif aux pesticides et aux engrais chimiques et tentent de supprimer ou de diminuer leur utilisation. Ils s’opposent souvent à la spécialisation des exploitations et recherchent les complémentarités. Ils veulent aussi être autonomes vis-à-vis des firmes, préserver l’environnement et la biodiversité, adapter les productions aux conditions locales, entretenir les paysages et assurer une alimentation de qualité…
Comment et pourquoi une frange du monde paysan s’est interrogée sur les pratiques agricoles et le modèle « moderniste » ? Quel rôle ont joué les attentes des consommateurs envers leur alimentation ? Comment ont évolué les discours et les décisions des pouvoirs publics sur la dimension environnementale des politiques agricoles ? C’est à ces questions que le propos chronologique permet ici de répondre.
Jean-Philippe Martin, agrégé et docteur en histoire, a étudié l’histoire de la Confédération paysanne et des courants qui sont à son origine. Il a notamment publié : Histoire de la nouvelle gauche paysanne. Des contestations des années 1960 à la Confédération paysanne, La Découverte, Paris, 2005.