En plein vent, entre deux averses, ou sous un crachin dense et obstiné, Droguet bèche dans la langue les « hectares instables de la mer ». La pluie, chez lui, ne dissout pas les paysages et les figures : elle les épaissit, les décrasse et les drogue ; elle suscite une espèce de sombre voyance, « entre aboi et silence », âpre et rogue comme cette parole qui, jusqu’en sa syntaxe et ses néologismes, mime le nom même du poète : Henri Droguet, droguiste de la morte-eau, marchand halluciné de « mots troués » et de familière parlerie.