Le projet de l’«encyclopédie», porté au XVIIIe siècle par Diderot et d’Alembert, consiste à rassembler, classer et ordonner les connaissances, à les exposer clairement, en tirer les leçons philosophiques et permettre à tous de les retrouver, pour ainsi dire «quintessenciées». Tâche éminemment démocratique, l’organisation-diffusion des connaissances fut celle de la bibliothèque et des anciens systèmes philosophiques; elle devrait être aujourd’hui celle du «Web».
On s’interroge ici pour savoir comment François Dagognet, né à Langres en 1924, l’un des esprits les plus remarquables de notre temps, a pu, à son tour, croiser un tel projet, pour lequel il s’était lui-même particulièrement bien préparé : comme médecin, pharmacologue, savant en différentes sciences (chimie, cristallographie, sciences de la vie et de la terre…), théoricien et même défenseur de l’art contemporain, de la morale et du droit, éducateur et penseur politique également. Ce philosophe à l’œuvre considérable ne s’est pas seulement contenté d’être, modestement, ce qu’il prétend: une sorte de «chiffonnier» de la pensée, chinant ça et là, dans la grande brocante du monde, de quoi nourrir sa réflexion et la nôtre. En réalité, une organicité vivante et multiple, toujours en développement mais rationnellement articulée, se dégage de ses travaux, qu’un groupe formé de ses anciens étudiants, disciples et amis, étudie ici selon diverses perspectives.
Textes de Jean-Claude Beaune, Gérard Chazal, François Dagognet, Robert Damien, Robert Dumas, Christian Godin, Pascal Maire, Daniel Parrochia, Philippe Petit.