Il n’y a nul pas à franchir entre poterie et poèterie-poésie ; aussi le passage de l’une à l’autre se fait-il de plain-pied et sans histoire. Dans la succession du Créateur de l’être et de la matière du monde, créateur en même temps de la forme et de la métamorphose, le potier prend une motte de glaise qu’il monte par mouvement en créant une forme creuse apte à contenir et résonner. Son art est art de musique, et le poète, avec des mots comme matière, en use de même dans son vœu d’atteindre à une forme. L’un et l’autre, dans la mesure de leur innocence, peuvent s’adonner au calcul et à la supputation. Ils regardent, ils écoutent tourner le ciel et, recueillant ce que celui-ci projette sur notre terre, et contemplant, ils font des signes et des écritures pour dire à leur prochain ce qui advient. Hommes de métier, ils ne se veulent pas les détenteurs de la vérité, mais ses libérateurs face à tant de pouvoirs qui la traitent en détenue.