« J’ai bien peur d’être aussi ennuyeux que n’importe
Qui avec tous ces faux sonnets que j’accumule
Pour qui ? pour quoi ? et qui me viennent sans que j’y
Songe, allant à mon pas sur le lopin de terre
Où je me trouve à tel ou tel moment. Qu’y faire ?
A vrai dire l’anxiété me prendrait si
Soudain le débit tombait à rien. Me rassure
Au contraire la coulée imprévue et même
Incohérente qui aura pu prendre source
Au gosier du geai ou de la corneille: cra !
Cra ! C’est ce que je croyais avoir entendu,
Et c’est un chapelet de mots inattendus
Que j’ai à recueillir, les ayant dans l’ouïe,
Sur une page du carnet que j’ai sur moi. »
Rites et offrandes, qui couvre les années 1996 à 1998, est la suite du journal en sonnets de Robert Marteau (après Fragments de la France, Liturgie, Louange, Registre). Dans cet almanach des menus événements de chaque jour, la voix du poète se mêle au chant des oiseaux pour nommer et montrer «ce qui, sans lui, resterait invisible et muet. Il invente la parole de ce monde et la met en forme. Sa tâche est humble et majestueuse, gratuite et nécessaire». P. Kéchichian, Le Monde.