Au terme de l’évolution animale, l’apparition de l’homme marque une rupture. Non seulement sa faiblesse l’oblige à recourir à divers artifices pour se vêtir, se protéger des intempéries et des fauves, chasser et se nourrir, mais, la rupture d’avec l’ordre naturel consommée, il entre dans un processus sans fin de développement d’un ordre proprement humain et artificiel, toujours plus éloigné de la nature, à laquelle il appartient mais de laquelle il ne cesse de s’échapper. Pour l’homme le monde est radicalement inachevé. Il vit en effet dans une permanente insatisfaction, moteur d’un procès d’humanisation qui creuse entre lui et le monde un abîme impossible à combler.
Cet ouvrage décrit cette dimension humaine en la déclinant selon quatre grands ordres.
L’ordre des bâtisseurs. Être fragile, l’homme a dû construire des abris, mais très vite il fut question de bien autre chose quand il éleva pour les dieux et pour les princes des bâtiments faits pour défier le temps. L’architecture raconte l’homme à travers l’espace et le temps. Il fallait en repérer les articulations.
L’ordre de la représentation. Musique, poésie, sculpture ou peinture, l’artifice est aussi l’image à travers laquelle nous nous arrachons à la nature première. Dans ce jeu de miroirs que les hommes ont instauré depuis les premières représentations sur les parois des grottes, nous ne cessons de conjuguer la rupture d’avec une immédiate présence à nous-mêmes.
L’ordre des techniques. S’il avait suffi de se doter des outils indispensables à notre survie, le développement technique aurait pu s’arrêter à l’aube du néolithique. Il n’en fut rien. Dans la frénésie technique il s’agit bien plutôt d’accomplir cette tâche d’humanisation à laquelle l’incomplétude du monde nous condamne.
L’ordre de l’information. Là encore l’humanité ne pouvait pas en rester au strict et nécessaire échange d’information tel que certains animaux sociaux le pratiquent. L’ordre humain, c’est aussi celui d’un échange créateur d’ordre, une manière symbolique d’organiser le monde.
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L’ordre humain
ou le déni de nature
Introduction
L’ORDRE DES BÂTISSEURS
Les fils rouges des bâtisseurs
Le problème des origines, le feu et l’abri
Le langage des formes architecturales
Dynamique des formes
L’architecture et l’utopie
Les techniques
L’inscription de la forme – l’exemple du musée de Bilbao
Pour conclure
INTERMÈDE 1
Dédale et le labyrinthe
L’ORDRE DE LA REPRÉSENTATION
La méprise de Platon
L’iconoclasme
De la Vierge symbole à la Vierge femme
L’illusion romantique
L’œuvre n’est jamais purement esthétique
L’œuvre est attachée à une communauté
La question de l’universel
L’approche de Freud
La représentation et le temps
Comment échapper au temps
Le temps pulvérulent
Pouvoir et représentation
L’image comme icône
La représentation et les techniques modernes de l’information
Une dématérialisation?
À nouveau sur le rapport au temps et à l’espace
L’esthétique de la programmation
Les objets et les opérateurs de la représentation
La symétrie et l’ordre
L’implication du corps
L’abstraction
Le retour aux choses
INTERMÈDE 2
Les héritiers de Pygmalion
L’ORDRE DES TECHNIQUES
Le monde inachevé
Le dualisme de la main et de l’esprit
Techniques et sciences
Technique et valeur du travail
La maîtrise de l’espace contre l’idéologie de l’enracinement
Entre la maîtrise de l’espace et celle du temps:
l’exemple de l’automobile comme interface technique
La maîtrise du temps: la technique et la mort
La mesure du temps
L’évolution technique
Les techniques mémorielles
Les techniques et les rêveries techniciennes
Esthétique des objets techniques, techniques des objets esthétiques
La question de l’automate
INTERMÈDE 3
Leibniz et le savoir des hommes
L’ORDRE DE L’INFORMATION
Ordre et information
La naissance des nombre
La naissance de l’écriture
Le poème et le chant
Les grands projets encyclopédiques
Les traitements informatiques développés par la modernité
Forme, information et problèmes
Le poids de l’information
L’absence d’information: désordre ou hasard?
L’information et le principe d’entropie
L’horizon informationnel et l’origine de l’information
Les figures de l’information
Les caractères du signe
La mémoire
Algorithmes et symboles
Le réseau
Communication et information: la rupture
L’information et la communauté des hommes
La dynamique de l’information
Le problème de la reconnaissance
La dynamique propre de l’information
INTERMÈDE 4
Éloge du binaire
Conclusion
Bibliographie