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ANNE SIMON-CARRÈRE Chanter la Grande Guerre

Les «Poilus» et les femmes (1914-1919)
Préface de Yannick Ripa

Août 1914. La France s’engage dans un conflit d’une durée et d’une intensité jamais atteintes. Chanter paraît alors dérisoire, voire déplacé. Pourtant, cette guerre a inspiré des milliers de couplets et de refrains qui disent tout ce que les documents officiels taisent : les souffrances d’hommes et de femmes confrontés au défi de la séparation. Tour à tour grivoises, comiques ou graves, ces chansons évoquent les espoirs des fiancés, les souffrances des blessés, le manque sexuel et affectif des couples, le chagrin infini des mères. Dans un raccourci saisissant de deux à trois minutes, miroirs fidèles ou photos retouchées de la réalité pour les besoins de la propagande, elles évoquent ce que vécurent, au quotidien, les hommes et les femmes confrontés à la brutalité de la guerre et à ses exigences qui creusent l’écart entre les valeurs masculines et les valeurs féminines. Alors qu’au front les combattants doivent composer avec leurs corps meurtris et redoutent l’abandon et l’infidélité, à l’arrière, gardiennes du foyer et de la famille, celles qui les attendent ne restent pas inactives : aux détours des couplets apparaissent la tourneuse d’obus, la mère courage, l’infirmière, la marraine, la chanteuse, qui toutes, impressionnent par leur bravoure et leur détermination. Les chansons montrent aussi de quelle façon la ségrégation imposée aux hommes et aux femmes a contribué à redéfinir les images traditionnellement admises du masculin et du féminin au sein de la société. Hésitant entre la dérision et la surprise, leurs auteurs se font l’écho de changements qui ont ouvert aux femmes des portes qui ne se refermeront plus…
Ainsi, miroirs de l’intime et vecteurs de choix pour diffuser des injonctions de la propagande par tout un jeu de représentations, les chansons de la Grande Guerre s’inscrivent avec brio dans l’historiographie actuelle.

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Chanter la Grande Guerre:
les «Poilus» et les femmes (1914-1919)

PRÉFACE
Yannick Ripa

INTRODUCTION

Chapitre 1 : Les couleurs de la guerre

La chanson s’en va-t-en guerre : des cigales au front
Partir en chantant
« C’est nous les tourneuses d’obus, des mômes
comme on en fait plus »

Chapitre 2 : Cœurs séparés, corps martyrisés

« Les p’tites femmes de chez nous /
Tiendront-elles jusqu’au bout ? »
« Croix de guerre et croix d’amour » des épouses fidèles
« Moi je ne reprends pas mon cœur »
« Jamais plus j’te f’rai de misères ! »

Chapitre 3 : Les couples au défi de l’absence : « Débrider
la ceinture qu’on serrait avec Cupidon »

« D’abord madame Lebel puis mam’zelle Rosalie »
« Rien que d’y penser tout mon être se grise »
« La plus belle de toutes les inventions de la guerre actuelle »

Chapitre 4 : Le moral des combattants
« C’est l’heure du courrier : chacun se dit : peut-être ! »
« C’était un soldat qu’avait pas d’famille, pas d’fiancée »
« Elles empruntent aux anges leur vertu, les infirmières »

Chapitre 5 : Les enfants du devoir : « La maternité est
le patriotisme des femmes »

« La Marseillaise des Polichinelles dans l’placard »
Poilus et polygames ou « Causer tous deux du repeuplement »

Chapitre 6 : Mères et enfants des soldats

« Stabat mater dolorosa » : la douleur encadrée9
« Chansons et rondes pour les petits Poilus » : l’enfance en guerre
Grandir sans père

CONCLUSION

SOURCES
BIBLIOGRAPHIE

Chanter la grande guerre – Anne Simon-Carrere 2014