Champ Vallon

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Parutions à venir

10 janvier 2025

Karl Marx n’est pas mort le 14 mars 1883. Il a quitté Londres pour partager la vie des Iroquois sénécas. Il avait découvert leur démocratie exemplaire par la lecture de travaux ethnologiques, qui lui avaient donné l’envie de faire enfin l’expérience d’une autre vie. Ce désir longtemps mûri et cette fuite restée secrète grâce à la complicité de ses proches vont le transformer physiquement, affectivement, intellectuellement. Se faisant passer pour un ethnologue, il est adopté par un groupe sénéca, il se remarie avec une indienne, change de vie. Devenu chef guerrier, il n’hésite sur aucun moyen pour servir la résistance du peuple Sénéca. Ce nouveau Marx reste lié à son ami Engels et à sa fille Eleanor. Les retrouvailles tournent à la confrontation des mondes, au bord des chutes du Niagara, lieu plus tard d’une mort philosophique.
C’est un homme de notre temps qui s’adresse à nous. Un Marx inattendu, et qu’on attendait.

Christian Laval est sociologue et historien des idées politiques. Il a notamment écrit, avec Pierre Dardot, un livre de référence Marx, prénom : Karl (Gallimard, 2012). Marx en Amérique est son premier roman.

Marx Laval

10 janvier 2025

Le cri du Lézard se veut la suite de Sortir (Champ Vallon, 2017). Une brève méditation sur le sort du lézard voué, en raison du changement climatique, à disparaître dans un cri silencieux, ouvre le livre. Quand il crie, ouvrant large la gueule, le lézard ne fait retentir aucun son (seul animal dans cette situation), quelles que soient les souffrances qu’il endure. En cela il constitue une métaphore de la voix de poésie qui, quand bien même sonore, est devenu inaudible dans notre société et semble en voie de disparition. Pourtant, malgré ce constat initial, d’un monde défait, marqué par la destruction et la mort, une terre à venir est possible: une « re-naissance » ouverte au monde.

Benoît Conort a reçu en 1988 le Prix Fénéon et le Prix Francis Jammes pour Pour une île à venir (Gallimard), en 1992 le Prix Tristan-Tzara pour Au-delà des cercles (Gallimard), et en 1999 le Prix Mallarmé pour Main de nuit (Champ Vallon).

7 février 2025

« Non, je ne sentais pas exactement de tendresse pour elle. Plutôt une grande curiosité et le désir de m’affronter à elle, de jouer un jeu dangereux. Je sentais qu’elle pouvait faire de moi quelqu’un d’autre, de nouveau, dont je ne soupçonnais même pas les caractéristiques. Elle était capable de me retourner comme un gant, moi pas. Elle, elle ne changerait pas, elle était immuable. C’est agréable d’avoir une mère immuable. C’est comme l’arbre d’un jardin ».

« Peu importe qu’il y ait, dans les événements qui jalonnent l’attente, de l’aberrant, de l’inexplicable : tout nourrit le monologue où se succèdent arguments, interpellations désinvoltes, interrogations, traits d’ironie. La narratrice s’abandonne à son imagination et pour persuader, use de tous les tons. C’est un époustouflant exercice de style ». (Le Monde, 15/5/1998)

La première édition d’Au secours date de 1998. Auteur d’une quinzaine de romans, dont Les gouvernantes, Petite table, sois mise ! ou Voyage avec Vila-Matas, Anne Serre est aujourd’hui traduite aux États-Unis, en Angleterre, en Allemagne, en Espagne ou en Italie. L’un de ses livres a figuré dans la dernière sélection du Best Translated Books Awards 2019. Son recueil Au cœur d’un été tout en or a été couronné par le prix Goncourt de la nouvelle en 2020.

21 février 2025

Le 23 janvier 1721, à Aix-en-Provence, Marguerite Nouvelle qui est âgée de vingt ans et qui habite près de la porte Saint-Jean, se réveille. Après avoir vaqué à ses occupations toute la matinée, elle se met à table vers midi. Alors qu’elle entame son repas, elle est frappée d’un malaise et commence à ressentir les premières manifestations d’un mal qui lui provoque une alternance de frissons intenses, de spasmes et de fièvres brûlantes. Puis, prise de nausées, sa tête est assaillie par des douleurs aiguës. Quelques heures plus tard, sa peau se couvre de charbons et de bubons qui lui indiquent qu’elle est atteinte de la peste. Elle n’y survit pas plus de quatre jours. Son cas n’est pas isolé et nombreux sont ceux qui succomberont comme elle. Ils furent 140 000 à avoir connu une expérience identique en Provence entre l’été 1720 et la fin de l’année 1722. Qu’ont-ils vécu entre l’apparition de leurs premiers symptômes et leur mort ? Quels ont été les derniers instants des acteurs de cette tragédie terrible ? Dans quel monde infernal ont-ils été plongés en attente de leurs trépas ? Quels combats ont-ils mené pour résister à leur sort ? Ce sont à ces questions que Frédéric Jacquin tente de répondre. En s’appuyant sur un matériau archivistique exceptionnel, il exhume les fragments de vies d’hommes et de femmes anonymes du dernier épisode pesteux qui frappa le royaume de France. Il essaie de reconstituer leur parcours d’épouvante dans des cités frappées par la contagion et de comprendre dans le cours atroce de la mort épidémique, en quoi celle-ci constituait une expérience singulière et dramatique.

Frédéric Jacquin est docteur en histoire de l’université Paris-IV Sorbonne. Ses travaux portent sur l’histoire des pestes sous l’Ancien-Régime. Il est notamment l’auteur de Marseille malade de la peste 1720-1722 (Presses Universitaires de France, 2023). Il mène actuellement des recherches sur les grandes pestes lyonnaises des XVIe et XVIIe siècles.

7 mars 2025

L’une des plus grandes mutations que la Basse-Bretagne a connues au XXe siècle est le changement de langue. Jusqu’aux années 1950-1960, la principale langue familiale dans les campagnes était le breton, que tous connaissaient et transmettaient de génération en génération. Quelques décennies plus tard, il n’est plus parlé quotidiennement que par quelques dizaines de milliers, voire quelques milliers de personnes. Comment une langue autrefois florissante a-t-elle pu décliner aussi vite ? Quel a été le rôle de l’école et de méthodes comme celle du « symbole », un objet stigmatisant dont on affublait les enfants qui commettaient la « faute » de s’exprimer dans leur propre langue ? Et quelles conséquences ces pratiques vexatoires et parfois violentes ont-t-elle eues là où elles étaient en usage, dans les différentes régions de l’Hexagone, mais également dans beaucoup de pays européens, au Japon, et jusqu’aux anciennes colonies d’Afrique subsaharienne ?

Historienne de formation, Rozenn Milin est titulaire d’un doctorat en sociologie. L’essentiel de sa carrière professionnelle s’est déroulé dans les médias, à la radio, puis à la télévision. Elle devient présidente du Conseil culturel de Bretagne en janvier 2023.

21 mars 2025

Quand l’hymne du régime de Vichy, Maréchal nous voilà est créé au printemps 1941, Pétain est déjà parti sur les routes sillonner la zone Sud depuis plusieurs mois. En effet, voyager et visiter le plus de régions et de communes possible est capital pour un régime à la légitimité faible et vite entré dans la Collaboration. Vichy, tout entier incarné par son chef entend y établir un « dialogue » direct avec les Français et y promouvoir ses thématiques résumées par le slogan « travail, famille, patrie ». En l’espace de quatre ans le Maréchal surnommé le « vainqueur de Verdun » effectue près d’une centaine de visites, parfois contestées, en des lieux savamment choisis. Leur préparation, encadrement, mise en scène triomphale, mais aussi leur permanence jusqu’en 1944, révèlent la troublante fascination du pays pour un régime autoritaire antirépublicain.

 

Rémi Dalisson est professeur des universités en histoire contemporaine à l’Université/Espe de Rouen. Son dernier ouvrage: Au plus près du peuple, les voyages politiques de Napoléon III,  (Vendémiaire, 2022).

25 avril 2025

Sur un paisible campus de province, au milieu des années 1980, des étudiants en Lettres découvrent la littérature de la fin du siècle précédent et le roman policier, montent des ciné-clubs et écoutent du rock branché. Comme dans un film d’Éric Rohmer, mais par le détour de leur correspondance, ces jeunes gens modernes pratiquent l’art de la conversation, de l’éducation sentimentale ou des projets de livres, voire de bandes dessinées (en ligne claire). Au fil de leurs lettres, ils citent Jean de Tinan, Oscar Wilde et Richard Brautigan, mais aussi les chansons d’Elli et Jacno. Le roman épistolaire se mue doucement en roman d’apprentissage, sans que la réalité ne prenne pour autant le pas sur la rêverie.

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François Souvay enseigne les Lettres et le cinéma à Orléans. Il a publié en 2022 Ciné-club aux mêmes éditions.

28 mai 2025

Ce volume propose une enquête collective sur l’élaboration d’une pensée de la culture matérielle par la littérature, depuis les années 1830, lorsque l’avènement conjoint du réalisme et de la révolution industrielle fait des choses des entités littéraires à part entière, jusqu’à la période contemporaine. Plus de quarante spécialistes signent les trente-six chapitres et quatre-vingts encarts de vulgarisation de ce panorama du monde littéraire des objets. On y trouvera des objets rares et des objets de grande consommation, des objets précieux et des objets pauvres, des machines et des reliques, des bijoux et des pots de chambre, des boîtes d’archive et des porte-plumes, du parchemin et du plastique, des objets de mélancolie et des ordinateurs ; des lectures rapprochées de grands textes littéraires, des traversées de larges corpus d’écrits techniques ou industriels, de poèmes, de romans, d’utopies, d’écrits ethnographiques, de récits de soi…

 

Marta Caraion est professeure de littérature française à l’université de Lausanne, Sophie-Valentine Borloz est chercheuse en littérature française à l’Université de Lausanne et Judith Lyon-Caen est directrice d’études à l’EHESS

28 mai 2025

«B. L.» : ces initiales sont celles d’un feuilletoniste du Journal de Paris. C’est sous ce masque qu’Henry Beyle, autrement dit Stendhal, déploya son inventivité journalistique. Les œuvres de pure imagination côtoient, dans ces chroniques, de piquants comptes rendus, les critiques littéraires de fausses lettres de lecteur…

Le célèbre écrivain travaillait alors pour Joseph Lingay, le rédacteur en chef et conseiller du président du Conseil. Jusqu’en 1827, date de leur interruption, ces articles formaient comme un terrain de jeu littéraire, l’occasion de croquer la vie mondaine et de peindre les infortunes de la presse… Une introduction restitue les conditions de cette étonnante découverte. Fruit d’une vaste enquête dans les archives, elle lève le voile sur un secret jusque-là bien gardé. .

 

Olivier Ihl est professeur de sociologie historique à Sciences Po Grenoble. Après plusieurs ouvrages sur les rites politiques comme La fête républicaine ou Le mérite et la république (chez Gallimard), il s’est tourné vers la représentation photographique avec Le premier portrait ou La barricade renversée (aux éditions du Croquant). Ces chroniques inédites de Stendhal ouvrent un nouveau cycle sur le célèbre écrivain et la représentation littéraire.