Hommage, oraison, tombeau aussi bien, quand notre modernité a tendance à en effacer douloureusement les traces, les Elégies étranglées tentent peu à peu de circonscrire le cataclysme intérieur que représentent la déchéance et/ou la mort des parents. L’hommage aux disparus est ainsi l’occasion d’un cheminement intérieur : à défaut de les avoir sauvés par la voix – il n’y a que de faux orphées – peut-être pourrait-on les aimer en respectant leurs combats, leurs amours, en poursuivant ce qui faisait battre leur cœur. Peut-être l’écriture, ici la déploration élégiaque, est-elle une manière de faire tenir ensemble les éléments démembrés de l’existence, et de retourner vers la vie ce qui la biffe sans pouvoir la nier.