Concernant Aragon, l’homme et ses ambiguïtés éclipsent l’œuvre et ses réussites.Sa poésie souffre particulièrement d’un état de fait: trop connue, et donc méconnue, elle se voit réduite à quelques vers célèbres, quelques dates circonscrites, quelques légendes (Elsa, la résistance, l’Histoire…) jamais véritablement lues.Pour la première fois depuis la mort de l’auteur, le livre veut donc relire la totalité d’une trajectoire poétique qui ne se réduit ni à l’usage du vers, ni à l’imitation, ni à l’exploitation de quelques grands thèmes. De 1919 à 1982, Aragon débat plutôt avec les procédures poétiques, avec la mémoire d’un genre, avec la sienne, tentant à chaque livre de déplacer et de réinventer un nouveau lyrisme.Collage, montage, intertextualité, dérèglement de la syntaxe, réinvention de formes, la mémoire procure un matériau qu’une systématique et inquiétante pratique de l’excès tente à chaque fois de déborder. Libérée des faux savoirs, l’œuvre alors reprend cohérence: elle est la recherche incessante d’un placement de la voix qui n’a pas fini d’éblouir, ni de donner quelques leçons à la modernité.
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Louis Aragon:
la mémoire et l’excès
Le sommaire
avant-propos 7
Première partie
UNE OEUVRE AVENTUREUSE 15
1. Lire Aragon: Histoire d’un feu 17
Précipitations et précipices. 18. La parlerie, panorama. 22. Une voix instable. 27. Changements à vue. 31. La parole singulière. 37. Les aventures d’une voix. 41.
2. Une modernité paradoxale 47
Apollinaire et Charlot. 48. Aveux et masques. 53. Un dadaïsme prolongé. 58. Le linguiste et les travestis. 61. De l’ironie à la rage. 68. Du côté des proses. 73. L’impossible immédiat. 77.
3. L’invention du chant 83
Des légendes. 83. Le surréalisme renversé. 85. Une vaine frénésie. 90. Le livre du paradoxe. 101. À faire pâlir les rossignols… 105. Romance et romancero. 110. De l’efficacité historique en poésie. 113. Concert et concertation. 117. Frénésie et lamento. 121. Un frisson de fougères. 123. Le grand défi. 127. Une poétique de la contradiction. 130.
4. Le temps de la démesure 131
L’expansion et le sonnet. 132. La parole gelée. 137. Une débâcle de bel canto. 141. L’invention de la dé-mesure. 148. Le théâtre et la folie. 154. De la Hollande et des Chambres. 159. Les Adieux. 166.
Deuxième partie
UN OPÉRA DE LA PERSONNE 175
1. Des villes pour visage 181
Une pratique de l’errance. 181. Du temps des passages. 184. La rage et l’orgie. 188. La chanson de Paris. 190. Frénésie et catastrophe. 193. Les villes comme expérience du sens. 198.
2. Le dit d’Elsa ou le paradoxe de la démesure 203
Itinéraire d’un éloge. 203. Elsa et le mythe. 207. Elsa et la légende de l’amour. 209. Elsa/Statue. 212. Une captation idéologique. 214. Elsa, le temps et l’autre. 216. Le manque en 1942: Lancelot dans un ciel troué de clameurs. 219. Ouvrir la voix. 221.
3. Un perpétuel lyrisme 225
Le flux et les cassures. 225. Histoire d’une allitération. 228. Poétique du battement. 232.
Conclusion 237
Annexes
Bibliographie 241
Le siècle d’Aragon 246