Champ Vallon

Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Parutions à venir

10 janvier 2025

Le cri du Lézard se veut la suite de Sortir (Champ Vallon, 2017). Une brève méditation sur le sort du lézard voué, en raison du changement climatique, à disparaître dans un cri silencieux, ouvre le livre. Quand il crie, ouvrant large la gueule, le lézard ne fait retentir aucun son (seul animal dans cette situation), quelles que soient les souffrances qu’il endure. En cela il constitue une métaphore de la voix de poésie qui, quand bien même sonore, est devenu inaudible dans notre société et semble en voie de disparition. Pourtant, malgré ce constat initial, d’un monde défait, marqué par la destruction et la mort, une terre à venir est possible: une « re-naissance » ouverte au monde.

Benoît Conort a reçu en 1988 le Prix Fénéon et le Prix Francis Jammes pour Pour une île à venir (Gallimard), en 1992 le Prix Tristan-Tzara pour Au-delà des cercles (Gallimard), et en 1999 le Prix Mallarmé pour Main de nuit (Champ Vallon).

Le cri Benoît Conort

10 janvier 2025

Karl Marx n’est pas mort le 14 mars 1883. Il a quitté Londres pour partager la vie des Iroquois sénécas. Il avait découvert leur démocratie exemplaire par la lecture de travaux ethnologiques, qui lui avaient donné l’envie de faire enfin l’expérience d’une autre vie. Ce désir longtemps mûri et cette fuite restée secrète grâce à la complicité de ses proches vont le transformer physiquement, affectivement, intellectuellement. Se faisant passer pour un ethnologue, il est adopté par un groupe sénéca, il se remarie avec une indienne, change de vie. Devenu chef guerrier, il n’hésite sur aucun moyen pour servir la résistance du peuple Sénéca. Ce nouveau Marx reste lié à son ami Engels et à sa fille Eleanor. Les retrouvailles tournent à la confrontation des mondes, au bord des chutes du Niagara, lieu plus tard d’une mort philosophique.
C’est un homme de notre temps qui s’adresse à nous. Un Marx inattendu, et qu’on attendait.

Christian Laval est sociologue et historien des idées politiques. Il a notamment écrit, avec Pierre Dardot, un livre de référence Marx, prénom : Karl (Gallimard, 2012). Marx en Amérique est son premier roman.

7 février 2025

« Non, je ne sentais pas exactement de tendresse pour elle. Plutôt une grande curiosité et le désir de m’affronter à elle, de jouer un jeu dangereux. Je sentais qu’elle pouvait faire de moi quelqu’un d’autre, de nouveau, dont je ne soupçonnais même pas les caractéristiques. Elle était capable de me retourner comme un gant, moi pas. Elle, elle ne changerait pas, elle était immuable. C’est agréable d’avoir une mère immuable. C’est comme l’arbre d’un jardin ».

« Peu importe qu’il y ait, dans les événements qui jalonnent l’attente, de l’aberrant, de l’inexplicable : tout nourrit le monologue où se succèdent arguments, interpellations désinvoltes, interrogations, traits d’ironie. La narratrice s’abandonne à son imagination et pour persuader, use de tous les tons. C’est un époustouflant exercice de style ». (Le Monde, 15/5/1998)

La première édition d’Au secours date de 1998. Auteur d’une quinzaine de romans, dont Les gouvernantes, Petite table, sois mise ! ou Voyage avec Vila-Matas, Anne Serre est aujourd’hui traduite aux États-Unis, en Angleterre, en Allemagne, en Espagne ou en Italie. L’un de ses livres a figuré dans la dernière sélection du Best Translated Books Awards 2019. Son recueil Au cœur d’un été tout en or a été couronné par le prix Goncourt de la nouvelle en 2020.

21 février 2025

Le 23 janvier 1721, à Aix-en-Provence, Marguerite Nouvelle qui est âgée de vingt ans et qui habite près de la porte Saint-Jean, se réveille. Après avoir vaqué à ses occupations toute la matinée, elle se met à table vers midi. Alors qu’elle entame son repas, elle est frappée d’un malaise et commence à ressentir les premières manifestations d’un mal qui lui provoque une alternance de frissons intenses, de spasmes et de fièvres brûlantes. Puis, prise de nausées, sa tête est assaillie par des douleurs aiguës. Quelques heures plus tard, sa peau se couvre de charbons et de bubons qui lui indiquent qu’elle est atteinte de la peste. Elle n’y survit pas plus de quatre jours. Son cas n’est pas isolé et nombreux sont ceux qui succomberont comme elle. Ils furent 140 000 à avoir connu une expérience identique en Provence entre l’été 1720 et la fin de l’année 1722. Qu’ont-ils vécu entre l’apparition de leurs premiers symptômes et leur mort ? Quels ont été les derniers instants des acteurs de cette tragédie terrible ? Dans quel monde infernal ont-ils été plongés en attente de leurs trépas ? Quels combats ont-ils mené pour résister à leur sort ? Ce sont à ces questions que Frédéric Jacquin tente de répondre. En s’appuyant sur un matériau archivistique exceptionnel, il exhume les fragments de vies d’hommes et de femmes anonymes du dernier épisode pesteux qui frappa le royaume de France. Il essaie de reconstituer leur parcours d’épouvante dans des cités frappées par la contagion et de comprendre dans le cours atroce de la mort épidémique, en quoi celle-ci constituait une expérience singulière et dramatique.

Frédéric Jacquin est docteur en histoire de l’université Paris-IV Sorbonne. Ses travaux portent sur l’histoire des pestes sous l’Ancien-Régime. Il est notamment l’auteur de Marseille malade de la peste 1720-1722 (Presses Universitaires de France, 2023). Il mène actuellement des recherches sur les grandes pestes lyonnaises des XVIe et XVIIe siècles.