Pour les habitants des bois, chaque espèce d’arbre a sa voix, les rivières du monde ont chacune leur langage. Les glaciers du Grand Nord eux-mêmes retentissent de sons étonnants. La nature nous parle et nous ne l’écoutons plus. Depuis l’invention du paysage, le spectacle visuel a déterminé l’essentiel de notre rapport à l’arbre et à la forêt. Qu’avons-nous oublié ? Doué pour voir, regardeur du monde, l’homme peut-il aussi l’écouter ?
En nous invitant à l’écoute attentive des sons naturels, comme à entendre le silence, les contributions rassemblées dans La forêt sonore nous sortent puissamment du parti pris du « spectacle » pour redonner toute sa place à la part « sylvestre » de l’homme. Car l’expérience de l’écoute compte parmi les joies essentielles de l’être humain ; elle répond au désir d’aller absorber le monde de la forêt, se fondre en son bain de parfums et de sons. La forêt n’est plus alors à « regarder », ou à « représenter » : elle se branche sur du vital.
Pour entendre cette harmonie sonore naturelle, la plupart des auteurs rassemblés dans La Forêt sonore font appel aux œuvres d’art qui ont inventé la beauté de la forêt : la musique bien entendu mais également la littérature, la poésie ou encore le cinéma dont la beauté s’origine aussi dans le son.
Par ailleurs, dans une démarche où le souci écologique voisine avec le plaisir esthétique, géographes et chercheurs en biologie donnent voix à la notion d’environnement et nous disent pourquoi le paysage sonore peut devenir un précieux instrument de diagnostic de la biodiversité.